Le moment le plus difficile du voyage... Photo par Benjamin Sloth Lindgreen
Le moment le plus difficile du voyage...

Voyager c’est merveilleux. Tous les voyageurs vous le diront. Ce dont personne ne parle c’est du moment le plus difficile du voyage…

Ce mal dont personne ne parle…

Il y a quelque temps sur Facebook, je découvre un article sur le mur d’une amie. L’auteure de l’article exprime son ressenti de voyageur au moment de revenir chez elle et décrit son besoin de repartir… Ce qui m’a surpris, c’est de voir la réaction d’une de mes amies sur cet article. Je réalise que, comme l’auteure, mes deux amies fraîchement expatriées ressentent un décalage lorsqu’elles reviennent dans leur pays d’origine…

Choqué ? En fait pas vraiment. Je partage des sentiments similaires… À vrai dire, j’ai été interpellé par l’article The Hardest Part Of Traveling No One Talks About de Kellie Donnelley. Le texte est bien écrit. Je me retrouve énormément dans la description de ses émotions… En fait, je suis même soulagé de voir que beaucoup de voyageurs à long terme perçoivent la même chose que moi et n’ont pas peur d’en parler ! Oui ! Vous avez bien lu… J’ai écrit le mot « peur ». En parler sur un blog de voyages, c’est prendre le risque d’effrayer le lecteur. Voilà pourquoi personne n’en parle.

Aujourd’hui, j’ai décidé de prendre ce risque et de mettre à poil (au sens figuré, hein ?) pour vous parler du moment le plus difficile du voyage… Inspiré par Kellie, sans pouvoir l’égaler, j’ai décidé de partager ma vision sur cette partie obscure du voyage ! Pour vous, je tente une analyse de son article et je dévoile mes sentiments de voyageur…

Retour au bercaille…

Le plus dur lorsqu’un voyage, ce n’est pas forcément le voyage en lui-même, mais le retour ! C’est en fait ce décalage qui se crée avec notre entourage, ou avec cet environnement que l’on connaissait avant de partir.

Je me souviens de toutes ces questions que je me posais avant de partir à Londres : Où est-ce que je vais dormir ? Est-ce que je vais trouver du boulot ? Et si je ne trouve rien, c’est quoi le plan B ? Est-ce que je vais me faire des amis ? Est-ce que c’est dangereux Londres ? Ce n’est pas trop cher ?

Finalement l’expérience en voyage est positive. En tant que voyageur, on arrive facilement à se débrouiller. On trouve nos réponses en préparant notre voyage ou simplement avec le temps…

Et puis, on rentre chez soi… On revoit avec plaisir sa famille, ses amis. On redécouvre Paris comme un vrai touriste ! Un peu comme dans L’auberge Espagnole, on est assailli de questions… : C’était comment ? Tu as vu quoi ? Est-ce qu’il fait froid là bas ?

Comme tous voyageurs, on a quelques fois du mal à partager ce qu’on a vécu… Trop de choses incroyables ou d’expériences nous viennent à l’esprit… Impossible de tout résumer en cinq minutes ! Du coup, on a souvent un blanc total avec le sourire aux lèvres ! Simplement heureux de retrouver ses proches…

Le moment le plus difficile du voyage reste à venir…

C’est le bonheur pendant les premières semaines. Puis, peu à peu la routine reprend ses droits et les problèmes qui vont avec. Nous ne sommes plus le centre de toutes les attentions… Nos proches commencent à nous poser les fameuses questions : alors qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? Tu as trouvé du boulot ? Est-ce que tu vas rester encore longtemps chez tes parents ?

Mais la partie la plus triste, la plus difficile après être parti pour quelques mois est encore à venir… Pour certains, comme Kellie, c’est le moment où ils retrouvent leur chambre d’enfant. Pour moi, c’était le simple fait de s’asseoir dans le métro parisien… Peu importe…

Le premier moment où l’on se retrouve seul avec soi-même, cette terrible sensation s’empare de nous ! En quelques secondes, on réalise que rien n’a changé ! C’est un drôle de malaise. On a envie de crier… On se demande comment ça se fait ? Rien n’a évolué autant qu’on l’a imaginé. On a beau être heureux de voir ses amis, sa famille et la ville où l’on a grandi, on se sent un peu en décalage avec son entourage.

Quand personne ne comprends ce qui se passe dans votre tête…

Rien n’a changé ? En fait, après six mois de voyage ou plus, tout a changé ! Je ne me rendais pas compte à quel point un voyage pourrait changer ma façon de voir le monde. En fait, dans ma tête, tout a changé. En tant que voyageur, notre façon de penser évolue.

Après un long voyage, votre façon de rêver change… Vous avez un autre regard sur le monde. Vous parlez une autre langue. Vos idées évoluent. Vous percevez les gens différemment qu’avant votre départ. Vous êtes heureux d’avoir perdu certaines mauvaises habitudes. Vous en gagnez d’autres à la place. Vos centres d’intérêt, vos objectifs de vie sont différents. Et puis, il y a toutes ces petites manies de Parisien que vous retrouvez et qui d’un coup vous exaspèrent !

Tous ces chamboulements, cette sensation de décalage, cette nouvelle façon de penser, vous avez envie de les partager avec vos proches. Après une expatriation, votre esprit a tellement changé qu’il n’y a pas de mots pour le décrire. Après avoir tout quitté, quand on choisit de revenir, on est forcé de s’adapter. Ce n’est pas quelque chose qu’on apprend à l’école. On l’apprend sur le tas… Je l’ai appris pour ma part comme une grosse claque en pleine figure !

Cette sensation de changement, de décalage et d’évolution dans notre tête est bien réelle. On la ressent à chaque instant. Comment expliquer cette sensation aux autres ? Peuvent-ils comprendre ce que nous avons nous-mêmes du mal à assimiler ?
Cette nouvelle ouverture d’esprit a beau avoir quelque chose de positif, on se sent souvent frustré d’avoir du mal à la partager. On se sent en colère. On a envie de crier. Comme Kellie, on se demande si ce voyage plein d’aventures valait la peine. Après tout, rien n’a vraiment changé autour de nous. Pourtant, voyager, c’est la chose qui nous a fait le plus avancer.

C’est le moment le plus difficile du voyage dont on ne parle jamais…

C’est un peu comme apprendre une langue que personne ne parle autour de vous, que personne ne peut comprendre, hormis ceux qui ont déjà voyagé. Alors pour se soulager, on n’a qu’une envie, celle de retrouver des gens qui parlent le même langage que nous.

C’est pour cela que lorsque vous partez en voyage une première fois, vous n’avez qu’une envie, c’est de repartir. Personne ne vous le dit vraiment au départ. Personne ne le comprend vraiment qu’une fois l’avoir vécu. C’est ce qu’on appelle le virus du voyage.

Ce virus, ce n’est pas simplement un mal de retour au pays ou une déprime post-voyage. C’est simplement cette envie de retrouver des personnes qui vous comprennent réellement. On veut retrouver à nouveau cette sensation de bien-être… Après tout, qui peut comprendre ce que c’est que de partir, se perdre, et grandir avant de revenir dans sa chambre d’enfant ? Cette sensation d’égarement, chaque voyageur l’a ressenti au moins une fois au retour de son premier grand voyage. On a beau se sentir plus fort et plus ouvert… On se sent encore plus paumé au retour qu’au départ de chez-soi !

Cette sensation, peu de voyageurs en parlent… On se sent un peu déraciné. On est plus à l’aise en voyage que dans sa maison d’enfance… Pour certains, cette sensation ne dure que quelques semaines. Pour d’autres, cette sensation ne s’efface pas vraiment. Ils ne pensent qu’à repartir !

Comme dit Kellie : « C’est la partie la plus dure du voyage… Et c’est la raison pour laquelle on veut tous repartir à nouveau ! »

Vous voilà prévenus…

5 COMMENTAIRES

  1. Article très intéressant encore une fois. Allez hop, contre la déprime, Docteur Vladdy te prescrit un voyage en BZH et faire le plein de bonne bouffes, de boissons et de bons moments. Ordonnance renouvelable à l’infini ;-)

  2. Ton article est tout simplement génial, je n’avais pas vu l’article de Kellie Donnelley non plus, pourtant il est tellement exact. Comme tu dis si on n’a pas voyagé pendant un long moment c’est difficile de comprendre, après un an et demi de voyage lorsque je suis rentrée à la maison c’était l’horreur…(heureusement je repars dans 5 jours ;) )

    Encore bravo pour ton article :) :)

  3. Très bon article et très vrai surtout!! Cela fait presque un an que je suis rentrée d’un voyage qui avait duré 2 ans et au jour d’aujourd’hui je suis toujours aussi paumé. J’ai u’une envie…celle de repartir. Quand on a une passion et que le voyage nous a fait évoluer et découvrir autant de chose il est en effet très difficile de revenir à une réalité qui elle n’a pas évolué. Mais ca on l’apprends que lorsque l’on rentre!

  4. Super article!! A 20 ans, après avoir passe une année à Londres. Je n’avais qu’une envie de repartir. Je ne retrouvais pas ma place dans la famille. J’avais l’impression que le temps c’était arrêté le jour de mon départ et que je retournais en arrière… Quel malaise… Je suis repartie quelques mois plus tard pour le Canada ou je me suis sentie chez moi… Et donc je suis restée… Et depuis je fais des petits voyages d’une à 3 semaines maximum… Et c’est le bonheur de retrouver mon chez moi…

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